Patrick Edlinger

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Jean-Michel Asselin et Patrick Edlinger - Editions Guérin
Livre relié, rigide - 320 pages et 250 photos - 3 X 24 X 24cm -
Texte en Français - Edition 2013

Cette biographie de Patrick Edlinger a été préparée avant sa soudaine disparition. Elle a été réalisée en respectant ses souhaits.

Dédicace
Je souhaite à tous les êtres, quelle que soit leur activité, de la vivre pleinement en homme libre. Il faut prendre la vie avec humour et détachement. Il faut savoir rester humble, à l’écoute des autres et s’efforcer de les aider. Peu importe si l’on juge que le monde est peuplé de crétins et de cupides, il se peut que nous en fassions partie, d’où cette idée de penser aux autres et rendre la vie plus belle pour tous. Avec toute ma sympathie !
Patrick Edlinger

La vie au bout des doigts
Il a cinquante deux ans. Patrick Edlinger a cinquante deux ans ! La façon la plus évidente d’ouvrir ce livre aurait été de commencer par ces questions : “Qu’est il devenu ? A-t-il changé depuis ces images que nous avons tous en tête : un ange aux cheveux longs, blonds, qui danse au dessus du vide ? Où se trouve cet homme qui a fait rêvé des millions de spectateurs, qui a marqué à jamais notre imaginaire, que fait-il ?” Oui, peut-être ce livre répond-il à cette seule préoccupation, comme une étrange curiosité qui nous ferait douter que les anges ne soient pas éternels, que jamais, au grand jamais, l’âge n’a de prise sur ceux dont le destin est de briller dans des cieux qui ne sont pas les nôtres : ceux du quotidien.

La Palud sur Verdon, août 2010
Depuis Moustier la petite route serpente, rochers rouges, jaunes, eaux turquoises du lac de Sainte Croix, parfum du buis, et ces convois de touristes du monde entier qui viennent admirer les gorges du Verdon.
Le village de la Palud, au coeur des gorges, c’est d’abord cette place avec “lou Cafettie”, perpendiculaire au café de la Place, juste en face, la petite cahute bleue du vendeur de pizza “Pepino”. Tout proche et stratégique, on trouve la boulangerie de Bernard Cauvin; l’épicerie des frères Caramels Mous a, quant à elle, disparu ! La Palud est un étrange hameau, un mélange de touristes “bob et ventre rond” et de jeunes gens au corps étroit, aux joues creuses, qui portent des sacs à dos d’où s’échappent les torons d’une corde colorée. La mecque des grimpeurs, la mecque de l’escalade, on le dit parfois de la Palud. Il faut alors emprunter la route des crêtes, passer non loin de l’auberge de jeunesse puis atteindre les belvédères pour comprendre ce qui se joue ici. Des garde-fous en aluminium séparent deux mondes, celui de l’horizontal et celui de la verticale. Les touristes approchent le vide, main dans la main, mimant l’effroi ou le bravant. De l’autre côté de la barrière, avec une nonchalance un peu feinte, les grimpeurs déploient leur corde et disparaissent vers le torrent lointain. Plus haut, des vautours, réintroduits quelques années auparavant, se jouent des ascendants au dessus des gorges.
Au royaume du vertige, le Verdon est roi. Les falaises grises, lisses, se font face, et tout en bas, si loin qu’on en ressent à peine le souffle, une rivière s’énerve, teinte d’azur, qui brouille du vert et du bleu.

A Bonlau, patrie du vertige
La maison de Bonlau est un peu isolée de la Palud. Sur la boite aux lettres, un autocollant noir un peu décollé indique : Edlinger. Edlinger, c’est comme cela que Patrick se présente sur le répondeur téléphonique. Il commence par le nom puis le prénom, comme s’il déclinait son identité à une autorité administrative. Une voix sèche, peut-être pour décourager de rappeler. Patrick Edlinger vit ici, aujourd’hui même; demain, ce n’est pas certain. Son pays c’est le vertige.
Dans le village, les vrais habitants ont pris l’habitude de répondre “Edlinger, où il est ? On sait pas.” C’est que, trente ans après “la vie au bout des doigts”, des gens veulent toujours voir “en vrai” celui qui incarne l’escalade, celui qui, par la grâce d’un film, devint une icône. Et lui tient à vivre tranquille, secret. A cinquante deux ans, alors qu’il affirme que la grimpe est toujours son royaume, il fait silence.
Le panneau qui indique le lieu dit de sa maison de la Palud “Bonlau” n’existe plus, il est tombé, personne ne l’a remplacé. Patrick est toujours étonné que des Français, des Italiens, des Anglais, des Américains, des Australiens, des Japonais, des jeunes et moins jeunes venus du monde entier le reconnaissent encore dans la rue et lui fassent signer un vieux poster ou une simple feuille d’agenda. Ces signatures l’ont toujours mis mal à l’aise. Patrick pense qu’il n’a pas trop changé. L’âge a creusé encore et encore son visage, il réunit ses cheveux en catogan, il semble extraordinairement maigre et musclé.
Ses yeux ont gardé un éclat de jeunesse, et qu’il se mette à rire et le voilà éternel. Pourtant quelque chose a bougé avec le temps, comme s’il avait gagné en sauvagerie. Il semble plus loin, portant une sorte de fatigue, de tristesse mais aussi cette énergie des survivants dans le regard.
Cette maison de Bonlau, Patrick ne sait plus s’il l’aime. Il y croise parfois la mère de sa fille, il le supporte difficilement, trop de souffrances et de colère. La séparation fut douloureuse. Il lui reste la petite Nastia, sa merveille du monde, sa fille de neuf ans…Mais la chambre de sa fille est le plus souvent vide.
Il vit dans la maison de Bonlau. Accrochées au mur, quelques photos. Sur l'une d'elles, un portrait de Guy Martin-Ravel, il a l’air d’un loup maigre. Et là, sur un autre mur, casquette noire sur la tête, le visage tout bonheur, il pause avec un espadon de 155 kilos qu’il a pêché avec Anne-Christine, son amour d’aujourd’hui. Patrick l’a capturé quand, avec elle, la curieuse et jolie institutrice du cirque de Mafate, il a navigué de la Réunion à Maurice. C’était à peine hier, sur le voilier d’Anne-Christine. Ils avaient emporté un gros sac de riz et ils mangeaient crus les poissons qu’il pêchait : dorade coryphène, thon, barracuda… Patrick a cinquante deux ans, il grimpe, il pêche. Il aime sa fille Nastia, toute blonde, son amoureuse de la Réunion qui joua de la guitare dans le métro (surtout Brassens) avant de rejoindre l’île intense à la voile et s’installer dans une école du bout du monde. Ses parents, installés à Barcelonette, l’accompagnent ça et là, fidèles, une présence discrète et solide. Pour lui, ce ne sont pas “papa et maman”, mais bien “Jean-Marie et Eliane”, tels deux copains.
Patrick s’entraîne tous les jours, il veut encore signer le rocher, avant, (qui sait ?) d’entamer son tour du monde à la voile. Il élira les lieux qui abritent des pirates, des requins, tous les reclus des mers, tous ceux qui, hommes ou bêtes, l'intéresseront forcément. Il s’entraîne, il grimpe, il pêche des truites comme personne n’en voit plus, plus grosses que dans le plus gros mensonge d’un pêcheur. Il court, puis il fait du vélo, puis il prépare le goûter de sa fille. Il cuisine, même s’il a renoncé à manger à midi : jamais de sel, quelques concombres, du poulet bio, juste grillé. La maison regarde l’herbe sèche, les arbres, amandier et pommiers. Ce sont les chevreuils, les sangliers qui mangent les fruits tombés à terre. On ne voit pas les falaises, elle est bâtie dans le creux d’un vallon. Un rameur est posé sur un tapis. De ses années médiatiques, Patrick a gardé une malle en cuir où sont entassés des coupures de presse, des lettres, des journaux. Il garde tout cela pour Nastia, pour “demain”…

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